Une page se tourne pour Mercedes-Benz
Mercedes-Benz s’apprête à refermer discrètement un chapitre de son histoire industrielle. Son incursion sur le marché des petits utilitaires et ludospaces compacts prends fin. Les modèles Citan et Classe T, dérivés du Renault Kangoo, ne seront pas reconduits au-delà de 2026. Un choix dicté autant par la stratégie de rationalisation de la marque que par une réalité commerciale peu flatteuse.

Une collaboration Mercedes-Benz x Renault
Lancée en 2012, la première génération du Mercedes Citan marquait l’entrée de la firme dans le segment des vans urbains. Il s’appuyait sur un partenariat technique étroit avec Renault. Le Citan partageait alors sa base avec le Kangoo, une collaboration renouvelée en 2022. Une version modernisée et l’arrivée d’une déclinaison orientée grand public, baptisée Classe T. Ce modèle plus familial devait séduire les particuliers en quête d’un ludospace premium. Il capitalisait alors sur l’aura de la marque allemande.
Mais la greffe n’a pas pris. Les ventes de la Classe T sont restées marginales. Seulement 5 552 exemplaires écoulés en Europe en 2024, en recul de 34 % par rapport à l’année précédente. Le Citan, quant à lui, n’a jamais vraiment décollé non plus. Et cela malgré l’essor du marché des véhicules utilitaires légers dans certains pays. En comparaison, le Renault Kangoo, pourtant en demi-teinte lui aussi, a atteint 17 212 unités, tandis que le Volkswagen Caddy domine ce segment avec plus de 37 000 ventes.
Les utilitaires entrée de gamme sacrifiés
Cette discrétion commerciale n’est pas la seule raison de l’arrêt programmé. Mercedes poursuit depuis plusieurs années une stratégie de recentrage sur les segments les plus rentables. Le constructeur privilégiant les modèles haut de gamme, électrifiés et à forte marge. Après l’annonce de la fin de la Classe A, c’est donc logiquement au tour des utilitaires d’entrée de gamme d’être sacrifiés. Mercedes ne renonce pas pour autant aux véhicules professionnels, puisque le grand van Classe V est appelé à poursuivre sa carrière avec une nouvelle génération à venir.
La fin du Citan et de la Classe T entérine aussi la conclusion d’un partenariat industriel de longue date entre Mercedes-Benz et Renault, amorcé au début des années 2010 sous l’impulsion des anciens dirigeants Dieter Zetsche et Carlos Ghosn. Une collaboration qui aura permis des économies d’échelle sur certains composants et plates-formes, mais qui n’aura jamais vraiment percé dans les volumes de vente côté Mercedes.
À l’heure où les constructeurs doivent arbitrer avec précision leurs investissements dans un marché automobile en pleine mutation, Mercedes semble faire le choix de la cohérence avec son positionnement premium. Les Citan et Classe T n’auront pas marqué durablement les esprits, mais ils auront été les témoins d’une tentative — finalement avortée — d’élargir le champ d’action de l’étoile à trois branches.